Acquisition de la propreté

L’acquisition de la propreté

A quel moment ?

 

Quand la maturation physiologique, intellectuelle et psycho affective sont réunies, les enfants sont capables de maitriser leur sphincter (muscle qui contrôle l’ouverture et la fermeture d’un orifice naturel). Ce contrôle sphinctérien est lié au contrôle psychique et qui ainsi, considère l’enfant comme un individu qui contrôle. Si cette idée est portée par l’entourage, l’enfant laissera plus facilement aller l’expulsion.

La maturation physiologique a lieu quand s’achève la maturation des terminaisons nerveuses de la moelle épinière. Au départ, la miction est réflexe, déclenchée par la pression sur la vessie et l’enfant ne possède aucun contrôle. Par la suite, avec une certaine maturité, il va pouvoir contrôler volontairement l’ouverture des ses sphincters et l’expulsion va devenir un acte conscient et volontaire. Le moment peut être repéré grâce à des acquisitions motrices, quand les enfants montent et descendent un escalier en alternant les pieds, ou quand ils marchent sur la pointe des pieds. En moyenne les enfants montent et descendent les escaliers à deux ans.

La maturation intellectuelle est la capacité de comprendre ce que l’adulte attend de lui, ce qu’est «se retenir » ou « évacuer » et le bon endroit. On peut repérer ce moment quand l’enfant aime jouer à placer des objets dans un récipient, qu’il imite de plus en plus l’adulte dans ses jeux, qu’il offre ses jouets. L’enfant doit comprendre de lui-même la relation logique entre « la sensation de plein », aller sur le pot et le résultat de cette sensation. Et comme tout apprentissage, les expériences au début ne sont pas toujours suivies de réussite.

La maturation psycho affective est effective :

  • Lorsque les enfants désirent grandir, être autonomes, faire « tout seul », mais pas pour plaire à l’adulte. Il est nécessaire qu’il soit acteur.
  • Ce qui est physiologique ne doit pas devenir relationnel, ne doit pas être une obligation de l’extérieur. Sa décision repose sur son désir d’être comme les adultes, leur ressembler.
  • Le moment peut être repéré au niveau du langage, si l’enfant emploie le « je ».
  • Il doit être capable de renoncer à la situation confortable et connue (donc rassurante) des couches. Et en renonçant aux couches, il renonce aussi à un moment privilégié de change passé avec l’adulte.
  • Il ne doit pas avoir peur de se séparer de quelque chose qui lui appartient, qu’il produit et qui jette dehors et qui se perd de son regard. Il peut donc vivre un conflit interne en éprouvant des peurs de disparition.

Asseoir un enfant sur le pot alors qu’il n’est pas prêt et qu’il ne comprend pas ce qu’on lui demande ne laisse pas de place à la liberté de l’enfant, ni à son autonomie. C’est un conditionnement qui risque de perturber le désir de grandir de l’enfant.

 

Qui met en place l’apprentissage de la propreté ?

 

Les parents en tant que premiers éducateurs de leurs enfants sont à l’initiative de l’apprentissage de la propreté et tout au début sur des temps de week-end ou de vacances. Ensuite, la collaboration entre parents et professionnels qui accueillent l’enfant est essentielle afin d’aider au mieux les enfants dans cette nouvelle étape et de permettre la continuité maison/lieu d’accueil. Un ajustement ou réajustement des pratiques parentales et professionnelles sur la base de la confiance respective sont à mettre en avant en fonction des attitudes de l’enfant afin de ne pas le freiner dans ses acquisitions (harmonie co-éducative).

 

Quelques conseils…

 

  • Proposer plutôt qu’imposer,
  • Éviter les conflits autour du pot ainsi que de laisser l’enfant assis longtemps sur le pot,
  • Ne pas mettre l’enfant sur le pot quand il mange,
  • Faire confiance à l’enfant,
  • Respecter son intimité, ne pas transporter le pot dans toutes les pièces de la maison,
  • Accepter les « incidents » lors de l’apprentissage,
  • Valoriser le fait d’être propre (grandir, faire tout seul…),

Le bien-être de l’enfant doit rester une priorité.

 

Le rôle de l’adulte accompagnant

 

  • Accompagnement et présence bienveillante dans le respect de l’enfant et ses besoins,
  • Il s’agit d’une disposition naturelle inscrite dans le développement des enfants et non d’un apprentissage, d’une habitude et encore moins d’un dressage
  • L’anticipation ne sert à rien, l’enfant ne sera propre que lorsque les différents stades de maturation seront réunis (cités ci-dessus).
  • Attention à la pression exercée quant à la future rentrée scolaire… L’école ne doit pas constituer un repère en faisant oublier le bien-être de l’enfant,
  • Le professionnel doit comprendre le processus d’acquisition de la propreté. Il accompagne en concertation avec les parents dans le respect des capacités de l’enfant,
  • En structure comme pour l’assmaternelle, il est donc essentiel d’y réfléchir en amont afin que la pratique apparaisse clairement dans le projet d’accueil,
  • Il n’y a pas de recette ou de formule, il suffit de rester attentif au comportement de l’enfant et s’adaptant à ses demandes et ses besoins. L’enfant signale à l’adulte quand il ne veut plus de couches, parfois il l’enlève,
  • Expliquer à l’enfant à quoi sert le pot ou montrer les toilettes et ce qu’on y fait,
  • Dans un premier temps, laisser l’initiative à l’enfant et le laisser s’asseoir habiller, y mettre une poupée ou le doudou (le « faire semblant ») ou bien jouer à imiter les grands,
  • Pas de récompense car cela contredit l’idée que c’est un besoin physiologique personnel,
  • Valoriser l’enfant qui demande le pot même s’il y va trop tard (ça peut vouloir dire qu’il sent mais ne gère pas l’urgence),
  • Éviter de faire attendre l’enfant quand il en exprime le souhait,
  • En structure ou chez l’Assistante Maternelle, demander aux parents des vêtements pratiques pour favoriser l’autonomie de l’enfant,
  • Laisser le choix du support, pot ou toilettes, sur lequel il sent plus à l’aise ainsi que le temps qu’il souhaite y rester,
  • Adopter des propos adaptés et positifs : le caca et le pipi, c’est naturel ! Éviter de se plaindre des odeurs. De plus, l’enfant n’a pas de répugnance pour ses selles car il croit que c’est une partie de lui, de son corps. Les paroles formulées ont toutes leur importance afin de ne jamais dévaloriser ou blesser l’enfant,
  • Après un état de dépendance totale à l’adulte qui s’occupe de lui, à ce moment, il devient décisionnaire pour lui, il peut en effet, décider de faire ou ne pas faire, c’est lui qui décide,
  • Profiter de ces moments pour expliquer à l’enfant ce qui se passe dans son corps : transformation de la nourriture et évacuation des déchets inutiles pour le corps = il est possible de s’aider avec un livre illustré pour enfants (bibliographie jointe),
  • Ne pas contraindre, ni laisser sur le pot plus de 10 mn ce qui risque de l’éloigner de l’objectif principal qui est de ressentir et de percevoir son besoin afin de pouvoir le soulager,
  • Prenons, adulte, de la distance par rapport à notre propre histoire et à notre entourage,
  • Respecter sa pudeur et son intimité

La confiance en la capacité de développement de l’enfant, en ce moteur inné qui le pousse à grandir, sans l’intervention directe de l’adulte, est une pédagogie qui permet à l’enfant de s’approprier les normes sociales présentées par la personne aimée, à condition qu’il bénéficie d’une relation affective stable … Toute intervention dans le rythme individuel de développement de chaque enfant, toutes les tentatives visant à accélérer son développement par des stratagèmes sophistiqués, lui portent préjudice… L’enfant ayant de bons rapports avec l’adulte, acquiert le contrôle sans aucun apprentissage de l’adulte.

Emmi Pikler – Pédagogie Loczy, Revue Spirale n°62

 

En conclusion

 

Laissons aux enfants le temps de grandir chacun à son rythme.
Grandir, rester petit ce n’est pas toujours facile c’est pourquoi un climat de confiance doit être la règle pendant l’apprentissage de la propreté.

 

Bibliographie

 

Dès 1 an :
– « Petit dernier : par ici, le p’tit pipi ! » – Frédéric Benaglia, Ed. Sarbacane,
– « Caca et pipi » ET « Tous les cacas » – Pierrick Bisinski et Alex Sanders, Ed. l’Ecole des loisirs,
– « Le ça » -Michaël Escoffier et Matthieu Maudet – Ed. L’Ecole des loisirs.

Dès 2 ans :
– «Caca prout » – Catherine Dolto et Colline Faure-Poirée, Ed. Gallimard jeunesse,
– « Tout le monde y va » – Emile Jadoul, Ed. Casterman,
– «Le pire livre pour apprendre le pot » – Antonin Louchard, Ed. Seuil Jeunesse,
– « Pipi-cacapot-pot » – Colin Mc Naughton, Ed. Gallimard jeunesse.

Dès 3 ans :
– « Non, pas le pot ! » – Stéphanie Blake, Ed. L’Ecole des loisirs,
– « Le grand voyage de monsieur caca » – Angèle Delenois et Marie Lafrance, Ed. Les 400 coups,
– « Je veux pas faire caca dans le pot » – Frédéric Kessler, Ed. Thierry Magnier,
– « Petites crottes et gros boudins » – Catherine Leblanc et Anne Crahay, Ed. L’élan vert,
– « Pipi ! Crotte ! Prout ! » – Francesco Pittau et Bernadette Gervais, Ed. Seuil Jeunesse,
– «Je veux mon p’tit pot ! » – Tony Ross, Ed. Gallimard Jeunesse.

Sources : Magazine « L’AssMat » et cours d’Éducateur Jeunes Enfants

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