Construction des relations sociales

La construction des relations sociales

 

Les échanges entre enfants développent très tôt chez eux le contact social.
Un enfant n’improvise pas le sens de l’échange, il doit baigner dans une ambiance collective, ne serait ce qu’auprès d’un autre enfant, pour devenir un être social.

 

Développement des relations sociales

 

Au cours de sa première année, l’enfant va prendre peu à peu conscience de l’autre et établir les bases d’un lien direct. Il faut attendre le troisième mois pour que s’établissent les premiers échanges sous formes de gestes de contacts tactiles, de regards plus appuyés.

Après 6 mois, l’enfant sourit à l’autre, le regarde lui « parle » autour d’un jouet qui est le centre d’intérêt commun.
Cependant cet échange n’est pas encore un acte de communication, l’enfant imite simplement les gestes et vocalises de l’autre.

A 18 mois, (apprentissage du langage), l’enfant imite mais montre aussi à l’autre comment il fait lui.
Prendre le jouet d’un autre enfant est à interpréter comme un acte de communication voulant dire « ce que tu fais m’intéresse, je veux le faire aussi, on va voir si ça fait pareil ».

A 2 ans, grâce aux jeux collectifs, l’enfant va aller vers l’autre enfant. Il comprend les réactions variées des autres enfants à son intention, (menace, agression, offrande, sollicitation), mais souvent les échanges entre enfants se font par groupes de 2 ou alors autour d’un enfant qui accapare l’attention de tous les autres.

A 3 ans s’installe l’échange verbal et une tendance à l’intimité entre enfants. A cet âge l’enfant se choisit un ami, les jalousies se déclenchent dans les jeux à plusieurs. Lorsqu’ils sont 3, l’un d’entre eux est exclu.

A partir de 3 ans, l’enfant qui maîtrise le langage jouera plus volontiers avec ceux qui sont comme lui (+/- âgés).

 

Le langage non verbal

Comportement des plus petits en groupes

 

Le monde de l’enfance est en bien des façons un microcosme de la société des adultes. Il comprend des gouvernants et gouvernés.

L’un des pionniers de la recherche sur les meneurs de jeux chez les enfants en bas âge, est le professeur Hubert MONTAGNER, de l’université de Besançon. Biologiste de formation, il s’intéresse pour la première fois à la communication non verbale. Au début des années 1970, il filma les échanges entre enfants grâce à des caméras cachées.

Il a définit six différentes catégories de dominance et domination :

1- Les chefs (ou leaders) dominateurs :

Enfants meneurs, se maintiennent aux sommets de la hiérarchie sans en imposer aux autres. Ils constituent le pôle d’attraction dans le groupe et prennent l’initiative dans l’organisation des jeux, le choix des jouets, ils inventent de nouvelles façons de s’amuser pour eux et leurs camarades.
Ils utilisent plus que les autres les gestes de conciliation et de sollicitation. On peut les définir comme des gestes ou des actions qui font sourire les autres. Ils comprennent des offres de jouets et de bonbons, le partage des jeux, des caresses, des étreintes, des petits coups et des tapes. L’un des éléments les plus significatifs du langage corporel est le geste de sollicitation qui consiste à sourire en penchant la tête et parfois le buste.

 

2- Les dominateurs agressifs :

Ils ont tendance à être brutaux. Ils se frayent un chemin dans le monde enfantin en accaparant tout, en poussant et en donnant des coups de coude. Ils sont rarement imités, et les autres, en général, n’ont guère envie de participer à leurs jeux. Leur agressivité est spontanée et dirigée non pas contre un enfant qui les embête, mais contre un petit innocent appartenant presque toujours à l’un des 4 groupes de dominés décrits ci-dessous. Les dominateurs agressifs sont plus souvent des garçons que des filles.
Ils utilisent des gestes de conciliation et de sollicitation, mais ils ont recours à beaucoup plus d’actes de violence spontanée. Ils s’emparent des jouets, poussent, bousculent les autres.

 

3- Les chefs dominés

Ces enfants, qui manifestent parfois des qualités de chef, peuvent de temps à autre, prendre l’initiative d’un jeu ou être les premiers à utiliser de nouveaux jouets. Mais quand il s’agit de livrer bataille pour quelque position ou objet âprement disputé au sein du groupe, ils sont perdants. Quel que soit leur désir : de s’asseoir à leur place préférée durant la pause du matin, de se précipiter au sommet du toboggan ou de pédaler dans une petite auto, ils sont toujours vaincus par les chefs dominateurs et les dominateurs agressifs.

 

4- Les dominés agressifs

Ils sont prêts à recourir à la violence et à toute tactique musclée pour obtenir ce qu’ils veulent. Mais contrairement aux dominateurs agressifs, qui utilisent de telles méthodes avec succès, du moins à court terme, l’enfant dominé, mais agressif, n’est ni assez résolu, ni suffisamment sûr de lui pour réussir. Ces enfants peuvent malmener les enfants craintifs, qui constituent des 2 premières catégories, mais sont dépassés aussi bien par les chefs dominateurs que par les dominateurs agressifs. Ce sont plus souvent des garçons que des filles.

 

5- Les dominés craintifs

Ces enfants semblent attendre qu’un accident survienne ! Non seulement ils sont fréquemment les victimes directes d’attaques, aussi bien venant des chefs dominateurs que des dominés agressifs, mais, assez souvent, ce sont des spectateurs innocents entraînés dans une bataille entre enfants violents. Ces petits enfants très soumis font de fréquents gestes d’apaisement pour se concilier la faveur des autres.

 

6- Les enfants isolés

Beaucoup d’enfants, introduits pour la première fois dans un groupe (maternelle ou crèche) trouvent le milieu à la fois déroutant et terrifiant. Ils s’accrochent à leur mère/père, sanglotent d’angoisse lorsqu’ils sont abandonnés et passent une grande partie de la journée seuls dans le coin le plus tranquille soit en pleurant, soit en étant extrêmement abattus et malheureux. Ces enfants sont souvent bien traités par les chefs dominateurs. On s’occupe d’eux, on les défend et on leur offre des jouets et d’autres cadeaux. Grâce a cette protection, ils ont fréquemment la priorité pour utiliser les jouets laissés de côté par les enfants plus dominateurs.

ATTENTION : un profil particulier peut convenir parfaitement à un enfant pendant plusieurs jours ou semaines, puis devenir tout d’un coup inapproprié. Le statut social se modifie presque toujours au fur et à mesure que l’enfant grandit.

 

Les formes du langage non verbal

 

Le langage de l’agression

Fréquemment à la crèche ou l’école maternelle on observe des enfants qui se battent énergiquement pour obtenir un jouet ou pour le droit de monopoliser un jeu dont tous ont envie. Mais une fois la victoire acquise, souvent l’enfant vainqueur se désintéresse, abandonnant l’enjeu de sa lutte acharnée.
En fait ce qui importe habituellement ce n’est pas de posséder l’objet convoité, mais que les autres vous aient vu le posséder. Le jouet quel qu’il soit, procurera forcément une satisfaction en terme d’amusement mais surtout c’est en s’appropriant un objet convoité par les autres qu’un enfant établit ou se maintient à un niveau de hiérarchie élevé.

L’enfant se bat pour un statut et non pour des objets.

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